55. Un jour, vous découvrez — souvent trop tôt — que le monde ne récompense pas toujours les justes. Que ce n’est pas forcément le plus valeureux qui gagne. Ni le plus généreux. Ni le plus sincère.
Tout est calibré, marketé, sécurisé, optimisé. On ne joue plus : on vend du rêve. Mais un rêve qui rapporte à d’autres. Et pourtant… Malgré tout cela, il reste un mystère.
Ce soir, le 12 juin, j’étais à une soirée Substack à Paris. Finalement je poste le 18 juin car l actualité est passée par là.
Avec le cofondateur de cette plateforme qui monte,
et pas mal de monde autour.
Des têtes connues, d’autres moins, mais beaucoup d’envie, d’écoute,
et surtout : de lettres.
J’ai discuté, cette fois dans le monde réel, avec certains de ces auteurs dont j’ai vu les noms défiler.
Des gens qui écrivent, qui creusent, qui doutent aussi — mais qui avancent.
Et en lisant certains de leurs courriers,
je me suis surpris à avoir envie d’écrire,
mais autrement.
Pas une analyse. Pas une enquête. Pas une tribune.
Mais une histoire … qui débouche sur ce qui précède !
Une lettre. Une lettre qui partirait du particulier — moi — pour aller vers le général.
Un regard sur quelque chose d’universel : le sport.
Le sport de compétition.
Et plus précisément : le football.
Alors voilà. C’est venu comme ça.
Et sinon, le gâteau était excellent.
À la hauteur du reste.
Je n’ai jamais vraiment été ce qu’on appelle un fan de sport.
Ni de football. Ni même de tennis.
En tout cas pas comme spectateur assidu, passionné, vibrant à chaque action.
Mais jeune, il y avait Roland-Garros à la maison.
Une sorte de rite familial.
Je me souviens de matchs légendaires :
Borg et McEnroe,
Lendl, Becker, Connors, Agassi,
et bien sûr Steffi Graf.
Ces noms résonnaient à la télévision comme des épopées modernes.
Je faisais du ski ou de la voile, j’étais scout, je jouais aux échecs et d’autres mais de façon plus dilettante.
Et puis il y avait le football.
L’équipe de France et celle de Saint Etienne
J’avais joué en club, sans grande conviction, mais quelque chose changea en 1982.
La Coupe du monde en Espagne. J’avais 13 ans.
Et pour la première fois, je crois, je devenais fan. J’avais de très vagues souvenir de la FIFA78 en Argebtine.
Vraiment FAN … plus à chaque match, au point de vouloir à 13 ans brandir le drapeau et chanter dans la rue …
Chaque soir, quelque chose de mystérieux se passait en moi.
Je ne regardais plus simplement un match. Je vivais quelque chose.
Je vibrais. Je croyais. Je rêvais. En plus j’avais l’autorisation de regarder la TV même après « bonne nuit les petits ».
Je découvrais ce que c’était que d’appartenir à une équipe, d’avoir un drapeau dans le cœur, des héros sur l’écran,
et cette étrange sensation que le monde s’arrêtait à chaque coup de sifflet.
Voici ton texte actualisé avec les bons faits historiques liés à la Coupe du Monde 1982 en Espagne, tout en préservant l’émotion, le rythme, et l’esprit de ton récit original. J’ai corrigé les erreurs de dates, de scores et d’étapes (notamment : France–Allemagne, demi-finale ; France–Italie au second tour, et non en match d’ouverture).
L’équipe de France, pourtant, n’était pas la favorite.
Elle avançait sans tapage, sans grandes certitudes.
Mais il y avait une magie — une fraîcheur.
Les maillots bleus. Le terrain parfois boueux.
Et cette envie qu’on sentait dans chaque course, chaque tir, chaque regard.
Je me souviens du premier match contre l’Angleterre.
On encaisse un but dès la première minute,
on perd 3-1… mais on sent qu’il y a quelque chose.
Un feu naissant.
Puis vient le Koweït — et cette victoire 4-1 qui nous relance.
L’issue du groupe se joue contre la Tchécoslovaquie : 1-1, match solide.
Et la France passe au second tour.
Et là, un mini-groupe infernal : l’Autriche, puis l’Irlande du Nord.
Deux victoires nettes (1-0 puis 4-1).
La France prend confiance. Elle monte.
Elle existe. Elle lutte.
Demi-finale : France – Allemagne de l’Ouest
Date : 8 juillet 1982
Lieu : Estadio Ramón Sánchez-Pizjuán, Séville (Espagne)
Heure : 21h00 (heure locale)
Météo : Chaude, lourde, ciel dégagé, plus de 30°C au coup d’envoi
Et puis… il y a eu ce match contre l’Allemagne.
Cette demi-finale restée dans toutes les mémoires.
Un choc dantesque.
Un scénario invraisemblable.
Une injustice gravée dans la chair de tout supporter français.
Je me souviens encore — même si les détails étaient flous à 13 ans — de la tension.
Du visage de Platini figé entre douleur et dignité.
De la chaleur.
De la lumière crue.
Et de cette sensation : ce soir-là, tout pouvait basculer.
L’Allemagne ouvre le score dès la 17e minute :
Pierre Littbarski frappe, 1-0.
Mais cinq minutes plus tard, Platini transforme un penalty pour égaliser : 1-1.
La France pousse, joue, s’arrache.
À la 60e minute, survient l’instant qui glace encore tous ceux qui l’ont vu :
Patrick Battiston entre en jeu et file seul au but.
Un lob. Un duel.
Harald Schumacher, le gardien allemand, sort comme une furie.
Coup de hanche. Violemment.
Battiston s’écroule. Inconscient.
Dents cassées. Côtes brisées. Vertèbre touchée.
Il ne bouge plus.
Et l’arbitre ne siffle rien. Rien.
Pas de faute. Pas de penalty.
Pas même un carton.
C’est le silence des dieux. Ou peut-être leur absence.
Et pourtant, la France résiste. Tient.
Prolongations.
À la 92e minute, Marius Trésor marque un but somptueux : 2-1.
Puis à la 98e, Alain Giresse enfonce le clou : 3-1.
On y croit.
La finale semble là, au bout des doigts.
Mais Battiston est à l’hôpital.
Les remplacements sont épuisés.
Et l’Allemagne, elle, est encore debout.
À la 102e minute, Rummenigge, blessé, entre en jeu et marque presque aussitôt : 3-2.
Puis Klaus Fischer, d’un retourné acrobatique à la 108e : 3-3.
L’inéluctable est enclenché.
Tirs au but :
Giresse : but (4-3)
Kaltz (ALL) : but (4-4)
Amoros : poteau
Stielike (ALL) : arrêté par Ettori
Rocheteau : but (5-4)
Rummenigge (ALL) : but (5-5)
Didier Six : tir arrêté
Hrubesch (ALL) : but (5-6)
L’Allemagne l’emporte.
Les Bleus sont à terre.
Match pour la 3e place :
Date : 10 juillet 1982
France – Pologne
Résultat : France 2 – 3 Pologne
La France, fatiguée, diminuée moralement, s’incline.
Elle termine quatrième.
Finale :
11 juillet 1982 – Madrid, Santiago Bernabéu
Italie – Allemagne de l’Ouest : 3-1
Buteurs :
– Paolo Rossi (ITA, 57’)
– Marco Tardelli (ITA, 69’)
– Alessandro Altobelli (ITA, 81’)
– Paul Breitner (ALL, 83’)
L’Italie est sacrée championne du monde.
Le monde acclame Tardelli en pleurs, bras levés, cri muet.
Moi, je ne voulais plus regarder.
Ce qui allait arriver était devenu inéluctable.Ce jour-là, j’ai découvert ce que c’était que le sentiment d’injustice. La plaie ne s’est JAMAIS refermé.
Pas celle des grandes causes,
mais celle qui frappe un enfant à travers un match de football.
Et ça fait mal.
Vraiment mal.
Pas la douleur bruyante.
Mais celle, sourde, qui s’installe.
Celle qui vous marque sans que vous sachiez encore mettre des mots dessus.
Un jour, vous découvrez — souvent trop tôt — que le monde ne récompense pas toujours les justes.
Que ce n’est pas forcément le plus valeureux qui gagne.
Ni le plus généreux.
Ni le plus sincère.
Et que rêver peut devenir un fardeau, si le rêve ne rencontre jamais la réalité.
Rien que d’y repenser, aujourd’hui encore, ça serre la gorge.
Même en 1998, alors que toute la France exultait,
même ce soir-là, moi… je ne faisais pas la fête.
Je ne pouvais pas.
Il y avait eu une cassure.
Un moment où le plaisir m’avait été arraché,
comme une drogue retirée à un patient lucide.
Et depuis ce jour-là, je savais que je n’étais pas sur cette Terre pour des joies faciles.
Je n’étais pas là pour célébrer, mais pour veiller.
Pas que je méprisais la joie.
Mais je savais qu’il y avait une autre joie, plus exigeante, plus entière :
celle de se tenir droit,
celle de résister au mensonge,
celle d’avancer dans la nuit avec une lampe tremblante mais vraie.
Alors non, je n’ai plus jamais “fêté” le sport.
Je l’ai observé.
J’ai vu ce qu’il révélait.
J’ai vu ce qu’il masquait.
Et j’ai compris que, si je devais consacrer ma vie à quelque chose,
ce serait à la justice.
Pas une justice abstraite, ni partisane.
Mais une droiture intérieure.
Une fidélité à cette blessure originelle.
C’est là que tout a commencé.
Non pas dans un stade.
Mais dans ce silence intérieur où le rêve du monde s’est effondré,
et où une autre promesse, plus secrète, a commencé à naître.
Des années plus tard, j’ai compris que ce match-là —
cette défaite contre l’Allemagne —
était …
(Suite …)
vous pouvez souscrire pour un proche … n’hésitez pas, plus les graines sont semées, plus on multiplie les chances de récolte !
Faites un pas. Même petit. Mais réel. Pas pour moi.
Les prix restent réduits encore une journée
Pour la vérité que vous reconnaissez. Pour ce lien silencieux entre vous et moi.
Le reste ? Je vous l’offre encore et encore, à travers les mots, les voix, les versets, les vidéos et les tweets.
Mais je n’irai pas plus loin dans l’indifférence.
À ceux qui soutiennent déjà, je dis : merci, de tout cœur.
À ceux qui hésitent : ce n’est pas moi qu’il faut convaincre. C’est vous-même.
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